The Saints / A little madness to be free (1984)

Rédigé par costello22 / 30 juin 2019 /

On connait l'histoire. Les Saints, formidable groupe de Brisbane, débarquent à Londres à la fin des années 70 et deviennent le temps d'un single imparable, 'I am stranded', et d'un album qui ne l'est pas moins, les hérauts du punk rock austral, l'équivalent des Sex Pistols ou des Ramones...

Sauf que Chris Bailey, le leader et compositeur du groupe, est avant tout un auteur influencé par tout un pan du rock le plus classique : de Presley dont il reprend 'Suspicious Minds' sur scène au Stones en passant par Creedence ou le meilleur du rythm'n'blues (l'influence évidente de Wilson Pickett). C'est aussi un grand compositeur, capable de fondre les guitares en fusion d'un rock haute énergie dans des mélodies sublimes.

"A little madness to be free" est enregistré à Sidney après le retour du groupe en Australie, à la fin peu glorieuse de l'expérience londonienne. Produisant lui-même l'album, Bailey tourne le dos à ses années punk et incorpore cuivres, violons et choeurs féminins pour donner à ses chansons l'ampleur qu'elles méritent. La plupart des compositions sonnent presque instantanément comme des classiques. L'énergie rock est bien présente, les mélodies aussi. Bailey insuffle à ces chansons un lyrisme qu'il n'avait pas osé jusqu'alors. 'Ghost ships', le 'tube' de l'album aurait mérité une reconnaissance au delà du cercle des initiés. Le magnifique 'Photograph' et ses nappes de violons qui arrachent les larmes témoigne du talent inoui d'un grand songwriter.

Le disque paraitra en 85 dans une version différente (pochette, ordre des chansons) chez New Rose, le label français sans pour autant augmenter sensisblement son audience. Reste que ce disque marque aussi le début d'une période qui le verra aligner plusieurs grands disques avant de connaitre une éclipse à partir de la fin des années 80, victime de l'insuccès et de quelques excès alcoolisés, avant de retrouver, depuis la fin des années 90 la sobriété et une reconnaissance tardive.

Certains de ses pairs et non des moindres lui paieront un tribut tardif mais réconfortant. Nick Cave l'invitera une collaboration sur un titre ('Bring it on') en 2003 qui aurait pu être issu des sessions de 'A little madness....'. Springsteen ira même jusqu'à reprendre en 2014 'Just like fire would', tiré d''All Fools Day' qui date lui de 1986 et qui n'en est pas moins indispensable.

Les commentaires sont fermés.