Daniel Darc / Crève coeur (2004)
Rédigé par costello22 / 03 juillet 2019 /
On a toujours aimé autant l'ancien chanteur de Taxi Girl pour la posture résolument rock que pour la musique (comme quand il cite les artistes qui figurent à son panthéon : Hank Williams… Johnny Cash… Gram Parsons… Bob Dylan… Lou Reed… John Cale… Morrison, Van… pas l’autre.) .Quand paraît en 2004 cet album produit par Frédéric Lo, dont on ne sait presque rien sinon qu'il vient plutôt du milieu de la variété, on n'espère plus grand chose de lui. Néanmoins, la complicité entre les deux hommes, évidente dès les premières notes, fait de ce come-back inespéré, le sommet de la discographie de Daniel Darc. Jamais un de ses disques précédents ne s'était imposé avec un telle évidence. Les arrangements savamment orchestrés lorgnent vers une pop lumineuse, apaisée, qui se marie pourtant parfaitement avec la mélancolie et à la noirceur des textes ("Les regrets ca va droit au cœur et ca y reste jusqu'à ce qu’on meurt "), à la manière de l'alchimie qui faisait le charme vénéneux du Velvet Underground période Nico.Il ne faudrait pas croire pour autant que Darc nage en plein désespoir. Récemment converti au protestantisme, il conclut même l'album par une mise en musique du psaume 23 de la Bible hébraique, aussi connu comme le psaume du berger, qui semble indiquer que Darc est sur le chemin de l'apaisement. En 2015, soit deux ans après la mort de Daniel Darc, l'album est ressorti agrémenté d'une dizaine d'inédits qui laissent à penser que les textes les plus sombres avaient été écartés de l'édition originale. Ils résonnent avec une tonalité et une émotion particulières après le départ de l'artiste : « Je suis la fleur dans la poubelle, ne me laissez pas me faner [...]. Je suis né brisé, la lumière passe à travers moi. Je suis fêlé. [...] Je n'aurais été qu'une parenthèse enchantée dans votre merdier. »