Josh T. Pearson / Last of the country gentlemen
Rédigé par costello22 / 29 mars 2012 /
Retour sur le choc musical de l’année 2011 (de la décennie ?). Ce “Last of the country gentlemen” a manqué de disqualifier tous mes repères habituels tant il a squatté mes “platines” ces derniers mois. Inutile de rechercher ici le traditionnel jeu des comparaisons, des influences. La musique de Josh T. Pearson ne ressemble à rien de connu. On parlera peut-être de country, de folk mais rien de saurait vraiment décrire ce qui se joue là. L’histoire a souvent été racontée mais elle mérite qu’on s’y attarde.
2001, un trio texan emmené par notre homme -barbe à la ZZ top, Steson, baguouzes en tous genres – n’est pas loin de rafler la mise. La presse s’enflamme, les concerts sont excellents et les nombreuses influences (de My Bloody Valentine à Jeff Buckley) parfaitement digérées font du premier album du groupe, The Texas Jerusalem Crossroads, un coup de maître. Seulement, Josh, fils d’un pasteur, garde quelques sévères séquelles de son éducation religieuse. Il ne supporte pas bien les feux de la rampe et décide de tout plaquer. Fin de l’acte I. Depuis, pas de nouvelles au point que personne n’attendait plus rien du bonhomme. On a appris ensuite qu’il avait acheté une petite cabane au Texas, vécu de petits boulots, avait transité par Berlin pour finir par poser ses valises à Paris. Une rupture amoureuse va changer le cours des choses. Pearson compose quelques chansons en guise de catharsis qu’il joue de temps en temps sur scène, seul avec une guitare acoustique. A la fin d’un concert en Irlande, deux gros durs viennent lui dire combien ses chansons les ont bouleversés “Je n’aurais pas pensé à les enregistrer, mais deux Irlandais baraqués sont venus me voir après, avec les larmes aux yeux, émus par ces morceaux… C’était de parfaits inconnus, ils ne savaient pas qui j’étais, mais ils pleuraient. ». Fin de l’acte II. Les chansons donc. Elles sont au nombre de 7 (quatre dépassent les dix minutes), enregistrées en deux nuits à Berlin avec le seul renfort du violoniste Warren Ellis (Dirty Three, Nick cave) qui fait ici des merveilles de sobriété. Ne ressemblant à rien de connu, cette musique là ne pourra être mise entre toutes les oreilles. Il faudrait pourtant être sourd pour ne pas être bouleversé par cette confession d’un homme rendu à ses doutes, ses angoisses, ses mensonges (le sublime “Honeymoon great’s! Wish you were her”). Tout se joue sur presque rien, un souffle ici, quelques accords là, une tension presque perceptible dans la façon qu’il a de prononcer certains mots, d’étirer certaines notes mais la sincérité, la détresse poignante et l’émotion d’une nudité presque insoutenable qui se dégagent de l’ensemble sont sans équivalents dans la production actuelle. Indispensable !