Down The Road

Rédigé par Rock critique / 30 mars 2002 /

Après de très irlandaises Skiffle Sessions, en compagnie de Lonnie Donegan et un disque de duos rock’n’roll avec Linda Gail Lewis, la soeur de Jerry Lee, Van Morrison revient au blues et au rythm & blues qu’il pratique depuis une bonne quinzaine d’années, celui que l’on pouvait déjà savourer sur les disques Back on top ou the healing game. Oh, bien sur, Morrison n’a jamais vraiment joué rien d’autre, mais il s’est trouvé, depuis quelques albums, un style dans son style : une musique qui fait chaud au coeur toujours habillée avec classe. Cette fois encore, c’est harmonica, cuivres, cordes et orgues à tous les étages.

Down the road ne révolutionnera rien, ne provoquera aucune hype : non, à l’instar d’un Bob Dylan justement partenaire de tournée récemment, chaque nouveau disque de Van Morrison doit se voir comme une nouvelle pierre à un édifice (un menhir compte tenu de la popularité du monsieur), une oeuvre essentielle de la musique populaire du vingtième siècle.

Source

Angèle MARTIN, Crossroads, Mars Avril 2002


Si le célèbre sale caractère de Van the Man a parfois été documenté sur ses derniers albums (le beau « days like this » et le réussi « the healing game »), Van a cette fois laissé totalement de côté toute rodomontade colérique pour se consacrer aux traits de comportement qu’on lui préfère : contemplation, tendresse, nostalgie et méditation. Certes, comme avec les plus éclatantes supernovae de la musique populaire, ses oeuvres vivront toujours dans l’ombre de ses plus grands sommets et « Down the road » n’est pas « Moondance », « Astral Weeks » ou « Tupelo honey ». Mais l’album, consacrant trente ans d’activités rock’n’roll, est étonamment réussi, mêlant la soul celtique et le folk enflammé qui sont le vocabulaire du lion de Belfast depuis ses débuts au sein des them. Baissant un peu sa garde, il se laisse aller à quelques hommages aux glorieux ainés – la pochette du disque en témoigne – comme ce « Hey Mr DJ » qui ravive le fantôme de Sam Cooke, la reprise de « georgia on my mind » (Ray Charles naturellement) et même cet étrange et touchant « Whatever happened to PJ Proby », dans lequel Van s’interroge sur le destin de l’illustre texan et laisse son inspiration dériver pour finalement demander à l’auditeur : « Et moi, que m’est-il arrivé ? » Ce doute, cette fragilité pour lesquels on a toujours aimé Van Morrison se retrouvent sur les meilleurs titres du disque, comme le magnifique « Steal my heart away » et l’immédiat classique qu’est « The beauty of the days gone by », chanson qui semblait attendre d’être déterrée d’un cimetière poétique irlandais par le dernier de ses bardes, héritier glorieux d’une tradition bientôt éteinte. Source

Nicolas ACIN, Rock&Folk, Août 2002


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