Moving On Skiffle
Rédigé par Rock critique / 23 mars 2023 /
En 1955, au sein de l’orchestre dixieland de Chris Barber, LonnieDonegan (1931-2002) assure un quart d’heure d’inspiration folk américain. En janvier 1956, le succès de sa version de “Rock Island Line” lance un mouvement typiquement britannique, le skiffle, qui mêle folk, country-blues et jazz primitif et voit s’imposer Chas McDevitt (également écossais), lesVipers, etc. Comme vingt ans plus tard le punk, le skiffle est censé être facile d’accès quand on assure les percussions sur une planche à laver et que la contrebasse est constituée d’un manche à balai planté dans une bassine ! Une génération trouve là un tremplin dont sortiront les Shadows, les Beatles, Jimmy Page, etc. Né à Belfast en 1945, Van Morrison (chant, harmonica, saxo, guitare) a connu la folie skiffle, y a pris part, et s’en souvient avec suffisamment d’affection pour lui consacrer un album. Aidé de Dave Keary (guitare), Seth Lakeman (violon), Pete Hurley (basse), Colin Griffin (batterie), Sticky Wicket (planche à laver), il impose sa forte personnalité à des thèmes anciens, formateurs, souvent considérés comme traditionnels ou bien vulgarisés par Lead Belly (“Take This Hammer”), Woody Guthrie (superbe version de “Cotton Fields” avec orgue et chœurs), Jimmie Rodgers (“Travelin’ Blues”), Hank Snow (“I’m Movin’ On” dans un arrangement surprenant), les Vipers (“No Other Baby” avec saxo et castagnettes, “Steamline Train” à la contrebasse slappée)... Chagriné par de récentes décisions liberticides, il transforme “Mama Don’t Allow” (“Maman ne permet pas”) en “Gov’ Don’t Allow” (“Le gouvernement ne permet pas”) ! Grâce à son chant puissant, intact, et des orchestrations bien huilées, ces interprétations, quoique respectueuses, sont à l’opposé de l’idée de bricolage jusqu’ici associée au skiffle ! Jean-William THOURY , in Rock&Folk n°668, avril 2023