L'hommage des pairs

L'hommage des pairs

Nick Cave

J’ai un coeur de discothèque, un ensemble d’albums que j’écoute régulièrement depuis une dizaine d’années : des disques et des artistes fondamentaux pour moi, qui m’accompagneront toute ma vie. Je sais que j’achèterai toujours les yeux fermés le dernier Neil Young, le dernier Cohen, le dernier Dylan, le dernier John Lee Hooker, le dernier Van Morrisson…Mais les disques qui comptent, on y revient inlassablement. C’est toute la beauté de la meilleure musique, elle est inusable. Aujourd’hui, je peux écouter Astral Weeks de Van Morrison avec la même passion qu’il y a vingt ans.

In Les Inrockuptibles N° 56, Juin 1994


David Gray

S’il y a un seul album qui m’ait profondément marqué sur une longue période, c’est « Astral Weeks » de Van Morrison. Une fois que t’es complètement immergé dans cet album et qu’il t’a emporté, tu ne peux plus écouter de la musique de la même façon. C’est pas un disque auquel tu reviens en te disant « c’est de la merde. Dire que j’aimais ce disque », c’est une marque indélébile. Je pense qu’il ’y n’y a pas de plus grands moments d’inspiration dans toute l’histoire de la musique populaire. Il y a les idées les plus folles comme ce jeu de batterie à contre-temps mais tout le charme est là. Je ne pense pas que Van Morrison soit l’unique responsable, tout explosait autour de lui. Du début à la fin, il n’il y a pas d’autre disque comme celui-là.

David Gray évoquant « Astral Weeks »


Nick HORNBY

Soudain, mes amis de football m’apparurent moins intéressants que les jeunes hommes déprimés et glorieusement laconiques avec lesquels j’étudiais l’anglais. Soudain, ma vie se mit à tourner autour de l’alcool, des drogues douces, de la littérature européenne et de Van Morrison. En comparaison, Kevin Keegan me paraissait d’un ennui mortel.

Nick Hornby est écrivain. Il a notamment publié « Haute Fidélité », excellent livre d’un fan de rock.


Maria MCKEE (Lone Justice)

Ce nouvel album placé sous le signe de Van Morrison à deux reprises, toutes deux tirées de son premier album à lui, « Astral Weeks », tu fais fort dans le tutélaire… « Oui, peut-être… Je m’en fous : j’écoute les disques de Van depuis toujours, je les connais par cœur, ils accompagnent ma vie, lui donnent de l’âme quand elle en manque. Van Morrison, c’est l’âme faite chanteur : son ombre ne m’inquiète pas.

Propos recueillis par François Ducray in Best n° 300, juillet 1993


Christophe Miossec

A Brest, ce n’était pas de tout repos. Avec mon groupe Printemps Noir, on voulait être les anti-Murray Head. Une culture très étroite : pour moi, Van Morrison n’était qu’un vieux baba. Mais à 17 ans, j’ai tout arrêté, même d’aller aux concerts. Pendant dix ans, je n’ai plus touché une guitare.


Mike SCOTT

Dylan est un performer hors-pair. Il sait permettre à une spontanéité d’apparaître. Neil Young et Van Morrison ont cela aussi ; Ils savent faire naître ces moments là. C’est cette magie qui les rend si intriguant. S’il n’y avait pas cette imprévisibilité, il y aurait beaucoup moins de magie.

Mike Scott évoquant Dylan et citant Van Morrison. Pas anodin. Les deux hommes sont sûrement les principales influences du waterboy en chef


Shane MC GOWAN

(The Pogues)

En fait, les autres groupes qui ont marqué ma vie étaient tous irlandais : Thin Lizzy, par exemple. Et puis Van Morrison, qui reste évidemment le meilleur ambassadeur de la musique d’Irlande, avec les Chieftains


Kevin ROWLAND (Dexy’s Midgnight Runners)

Quel est votre album préféré ?

Je déteste citer un seul album car ça change tout le temps, mais le disque le plus profond, le plus touchant que j’ai jamais écouté, c’est « It’s too late to stop now » de Van Morrison.


Bob Geldof

Je crois qu’il n’y a qu’un seul génie de la musique irlandaise, et c’est Van Morrison.


Peter Silberman (The Antlers)

A propos de Astral Weeks...

Aucun album n’a vraiment réussi à capturer ce que celui-ci a fait, en étirant le temps à l’infini avec des éléments aussi simples. Les chansons ont une forme mais deviennent informes, les passages instrumentaux les transportent dans un autre royaume transformant au passage la rengaine du refrain en quelque chose d’à la fois familier et singulier. J’ai essayé de créer quelque chose de similaire pour mes derniers albums, mais je n’ai pas réussi à m’en approcher. C’est quelque chose qui ne devrait pas fonctionner mais qui, d’une certaine manière, fonctionne. C’est certainement une sorte de magie.